Lutte contre les maladies et ravageurs de l'avocatier

En général, l’avocat n’est pas menacé par de nombreux ravageurs et maladies, et habituellement, aucune mesure de gestion n’est appliquée, ce qui rend possible la culture biologique de la culture. Périodiquement, dans ma région (Crète, Grèce), l’augmentation de la population de thrips peut causer des problèmes et endommager les fruits.

Les ravageurs de l’avocat et leurs méthodes de lutte

Thrips de l’avocat (Scirtothrips perseae)

Le thrips est un ravageur important dans la plupart des vergers du monde entier qui provoque des cicatrices sur les fruits de l’avocat. Les adultes sont très petits (0,7 mm de long), de couleur jaune orangé (bandes brunes sur le corps et trois points rouges sur le sommet de la tête), et leurs ailes sont munies de franges. Sa population augmente au printemps (fin), passant du feuillage aux jeunes fruits. Selon la température (idéalement 18-24oC ou 65-75 oF), l’insecte peut avoir plus de six générations par an.

Si la qualité interne du fruit n’est pas affectée, l’insecte peut gravement marquer la peau. Presque tous les dommages se produisent lorsque les fruits mesurent de 5 à 15 mm (0,2 à 0,6 po). Cette « peau d’alligator » n’est pas commercialement acceptable, ce qui entraîne le déclassement de l’avocat (qualité B) et une perte économique prolongée pour l’agriculteur. D’après les résultats expérimentaux, 3 à 5 thrips par feuille peuvent causer jusqu’à 38 % de dommages aux fruits. Si la population est contrôlée par les ennemis naturels de l’insecte, ou/et si de légers dommages surviennent très tôt dans la nouaison, il est possible que les cicatrices ne soient pas aussi apparentes au fur et à mesure que l’avocat grossit (surtout les avocats Hass).

Si le problème persiste et qu’une lutte contre les parasites est nécessaire, le cultivateur peut appliquer des insecticides sélectifs, toujours après en avoir discuté avec un agronome local agréé. L’application de produits contenant de l’abamectine permet de lutter contre les thrips et les acariens du persil en même temps. D’autres options pratiques sont Veratran D + sucre/molasse, Success 2 SC + huile à pulvériser Narrow Range 415, et Agri-Mek 0,15 EC + huile à pulvériser Narrow Range 415 (1). Cependant, il est préférable de protéger les ennemis naturels de la thripte de l’avocat, comme les thrips prédateurs (Franklinothrips orizabensis ou F. vespiformis) qui peuvent généralement garder l’insecte sous contrôle. Enfin, la modification de la fertilisation et de la taille réduit la croissance du nouveau feuillage tendre, qui est attrayant pour les thrips (2).

D’autres ravageurs communs de première importance pour l’avocat sont les suivants : L’amorphe (tordeuse occidentale de l’avocat), le tétranyque brun de l’avocat, le thrips des serres, l’arpenteur omnivore, le tétranyque du persea, le foreur polyphage du trou de balle, et le foreur du trou de balle du Kuroshio, le tétranyque à six points. Les pucerons, les aleurodes, les vers gris et les mineuses des feuilles sont plus susceptibles de devenir un problème dans les pépinières d’avocats. Les plantes étant sensibles à ces infestations au stade de plantule, le personnel responsable doit prendre toutes les mesures de prévention et de contrôle. De plus, les jeunes plants d’avocat dans les champs sont menacés par le perceur des branches et des rameaux, le perce-oreille européen, la fausse punaise, le scarabée du rosier, les sauterelles et les scarabées de juin (3).

Dans certains pays, les escargots et les rongeurs (comme les spermophiles et les écureuils terrestres) peuvent également devenir un problème persistant pour les producteurs d’avocats. Plus précisément, les spermophiles peuvent endommager les arroseurs, détourner l’eau d’irrigation en raison du creusement de tunnels, et endommager les jeunes plants d’avocats. Le contrôle par des pièges est parfois nécessaire, surtout au cours des trois premières années d’établissement du verger d’avocats (4).

Les principales maladies de l’avocat et comment les combattre

Bien qu’aucun problème significatif n’ait été signalé en Grèce, le Phytophthora Root Rot est considéré comme la maladie la plus courante et la plus catastrophique de l’avocat, mettant en danger la production mondiale. Dans le même temps, l’anthracnose peut entraîner une baisse de la qualité et des pertes de fruits importantes, surtout après la récolte.

Pourriture des racines due à Phytophthora (Phytophthora cinnamomi)

Il s’agit de la maladie de l’avocat la plus grave et la plus répandue dans le monde, qui entraîne la mort des plantes. Dans certaines régions du Mexique, l’agent pathogène a infecté jusqu’à 90 % des avocatiers. En Andalousie (Espagne), ce chiffre est proche de 40% (5). Le Phytophthora cinnamomi est un champignon originaire du sol qui peut infecter les racines des plantes qui finissent par pourrir. Cela diminue considérablement la capacité de la plante à absorber les nutriments et l’eau. Le premier symptôme évident est le développement de feuilles cachectiques et plus petites. Les plantes commencent à perdre leurs feuilles, se flétrissent et finissent par mourir.

Les mesures préventives les plus importantes sont l’utilisation de matériel végétal sain et certifié et la sélection d’une variété greffée sur un porte-greffe résistant au pathogène. Le porte-greffe Dusa est considéré comme l’un des plus tolérants à la maladie de la pourriture des racines de l’avocat. Les porte-greffes Duke 7, Toro Canyon, Latas, Martin Grande, Thomas, Uzi (PP15) et Zentmyer (PP4) présentent un excellent niveau de résistance à Phytophthora cinnamomi. Ils sont exclusivement produits par propagation clonale car la résistance au pathogène n’est pas transmise à la nouvelle génération par les semences (6).

La prévention est la solution la meilleure et la plus efficace, car le contrôle effectif de l’agent pathogène est extrêmement difficile et nécessite une combinaison de mesures (gestion intégrée). Les conditions de mauvais drainage et d’engorgement accélèrent la propagation des maladies et la gravité des symptômes. Par conséquent, il est essentiel de sélectionner des champs bien drainés pour planter un verger d’avocats, de prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que la verse sera évitée, et de préférer une irrigation goutte à goutte contrôlée du verger. En outre, de bonnes pratiques nutritionnelles, notamment une quantité suffisante de calcium, peuvent être utiles.

Si l’agriculteur et l’agronome décident que la lutte chimique contre la maladie est nécessaire, la meilleure option est souvent les fongicides à base de phosphonate (7). L’application doit être effectuée sur une base annuelle ou biannuelle. D’autre part, le Métalaxyl (Ridomil) mélangé au sol avant la plantation ou appliqué sous forme de trempage du sol contrôle la pourriture des racines au moins pendant quatre mois après le traitement (8). Une telle application peut permettre de replanter des avocatiers (8 semaines après) dans un endroit où l’histoire de la maladie est connue.

Anthracnose (Colletotrichum gloeosporioides)

Cette maladie fongique peut entraîner une perte de qualité importante, surtout dans les climats chauds et humides. Les symptômes les plus courants sont les taches sèches et brun foncé qui se forment sur la peau du fruit. Dans de nombreux cas, les symptômes sont « masqués » par la peau épaisse et sombre de certaines variétés comme le Hass et ne sont détectés que par le consommateur qui ouvre le fruit. Les taches sur les feuilles ou les feuilles mortes peuvent également être une indication. Dans les infections graves, l’agriculteur peut observer un développement anormal des fruits ou leur chute (9). La maladie peut se propager avec les graines, les résidus de culture et les gouttelettes d’eau. Les cultivars de scions Fuerte, Rincon et Wurtz sont très sensibles à la maladie (10). Dans les zones où les problèmes sont importants, les agriculteurs doivent préférer les variétés à peau épaisse comme Sharwil (guatémaltèque avec quelques gènes mexicains), qui a une bonne tolérance (11).

Les mesures de gestion comprennent des pulvérisations régulières (toutes les 2 à 4 semaines selon les conditions météorologiques) depuis le début de la nouaison jusqu’à la récolte, à l’aide d’un fongicide protecteur homologué tel que l’oxychlorure de cuivre. En outre, l’agriculteur peut couper et détruire les parties mortes et infectées des plantes, tailler et récolter uniquement lorsque les conditions sont sèches, et améliorer l’aération du couvert végétal des arbres. Enfin, pour éviter la dispersion des maladies et ralentir la détérioration des fruits, il est essentiel de les refroidir à 5,5 oC (42 oF) après la récolte et de les stocker au sec (10).

D’autres maladies courantes affectant l’avocat sont les suivantes : La pourriture des racines Armillaria (champignon des racines du chêne), la strie noire de l’avocat, le chancre bactérien, le chancre et le dépérissement des branches (anciennement chancre Dothiorella), les pourritures du fruit et de l’extrémité de la tige, le dépérissement Fusarium, la pourriture du fruit Phytophthora, le chancre du tronc et la pourriture de la couronne Phytophthora (anciennement chancre Citricola), la pourriture des racines Rosellinia, la moisissure fuligineuse, le flétrissement verticillien et la tache solaire (3).

Enfin, l’enlèvement et la destruction du matériel végétal malade peuvent aider à prévenir la propagation de nombreuses maladies. La plupart des agriculteurs utilisent un fongicide, du cuivre ou de l’azoxystrobine approuvé pour la culture afin de lutter contre bon nombre des maladies mentionnées ci-dessus. Le cultivateur doit consulter un agronome agréé expérimenté et suivre les instructions du fabricant pour chaque produit.

Gestion des mauvaises herbes de l’avocat

Les mauvaises herbes sont en concurrence avec les arbres pour les nutriments et l’eau, et elles peuvent héberger d’importants parasites et maladies de la culture. Dans un verger d’avocats sain, mature et bien établi, les mauvaises herbes ne causent généralement pas de problèmes importants. Cependant, si les distances entre les plantes sont grandes et qu’il y a beaucoup d’espace libre et ensoleillé pour que les mauvaises herbes puissent pousser, ou/et qu’il y a un manque d’eau, l’agriculteur peut avoir besoin d’appliquer des techniques de gestion des mauvaises herbes. Une lutte efficace contre les mauvaises herbes est essentielle lors de la plantation du verger et au moins pendant les 3-4 premières années. Les trois méthodes de lutte contre les mauvaises herbes disponibles pour l’avocatier sont le fauchage, le travail du sol et l’utilisation d’herbicides.

Pour réduire les pertes de nutriments et d’eau dans mes champs, je choisis d’appliquer le désherbage une ou deux fois par an, même dans mes vergers avec des arbres plus âgés. De nombreux collègues agriculteurs utilisent un tracteur équipé d’une fraiseuse pour détruire les mauvaises herbes. Malheureusement, dans la plupart de mes champs, les machines ne peuvent pas se déplacer rapidement, et le désherbage est principalement effectué à la main. Surtout dans les nouvelles plantations, certains cultivateurs préfèrent appliquer des herbicides. L’herbicide peut être pulvérisé trois fois par an (en février, mai et août pour l’hémisphère nord) (12). Dans ce cas, les agriculteurs doivent être très prudents et éviter une utilisation excessive et négligente afin de diminuer le risque d’apparition de mauvaises herbes résistantes aux herbicides et de dommages aux avocatiers (causés par l’utilisation d’herbicides ciblés sur les dicotylédones) (13).

Selon la région et le champ, les espèces et les populations de mauvaises herbes peuvent varier considérablement. Certaines des mauvaises herbes les plus courantes observées dans les vergers d’avocats sont les suivantes : L’échinochloa pied-de-coq, la bermudagrass, les digitaires, la puncturevine, le liseron des champs, la sabline à longues épines, les souchets, le dallisgrass et le concombre sauvage. Les deux dernières espèces peuvent constituer un problème important pour les jeunes plants d’avocat (14). Comme beaucoup de ces mauvaises herbes se reproduisent avec des stolons et des rhizomes souterrains, il est recommandé d’éviter d’utiliser un tracteur équipé d’une fraiseuse, car il peut les couper en morceaux et répandre rapidement le problème dans tout le champ. En revanche, d’autres produisent un millier de graines par plante qui peuvent se propager et survivre dans le sol pendant des décennies, rendant leur élimination du champ presque impossible. Je conseillerais aux producteurs d’avocats d’inspecter leurs champs, de reconnaître les mauvaises herbes qui poussent, de se renseigner sur leur physiologie et de choisir ensuite la stratégie de gestion des mauvaises herbes la plus appropriée.

Références